dimanche 27 août 2017

#LiberezKemiSeba


"L'incarcération de Kemi Seba semble une erreur stratégique. Comment ne pas imaginer qu'elle embrase bientôt les foules ? L'intimidation des masses qui le suivent et l'aiment sera difficile. Elles ne seront pas réduites au silence, la contestation ne pourra être contenue.


Cette incarcération sera/est vécue comme une agression de plus de la part de puissants déterminés à préserver leurs intérêts au prix de la souveraineté de peuples entiers.
[...]

L'agitation autour du franc cfa ne cesse de croître, et elle parle d'autre chose que de monnaie. Ceux qui la portent ne sont pas tous des économistes au fait des plus sûres méthodes pour faire en sorte que cette monnaie soit abandonnée sans grands dommages. Ce qui s'exprime là, c'est le ras-le-bol de la jeunesse d'Afrique subsaharienne (francophone ici), qui réclame que lui soient restitués ses droits les plus élémentaires. Cette jeunesse dit qu'elle n'attendra plus, qu'elle veut vivre libre maintenant, avoir elle aussi la chance de bâtir son monde, de réaliser ses rêves.

Le franc cfa symbolise le carcan qui l'oppresse. Il est la marque d'une relation viciée entre la France et ses anciennes colonies, et consacre l'impossibilité de fraterniser. En effet, on ne fraternise pas avec les habitants d'un espace perçu comme une "zone d'influence".

Ce qu'on leur dit, en particulier quand ils sont jeunes, c'est qu'ils sont venus au monde non pas pour vivre eux aussi, mais pour servir le rayonnement des autres. Qui accepterait cela ?

L'heure sonne d'écrire une page nouvelle de cette histoire, de faire en sorte que certains ne soient pas d'éternels sujets dans le pire des cas, d'éternels petits frères dans le meilleur. C'est l'égalité qui est demandée. Elle ne peut pas se résumer à un principe dont l'application, toujours à géométrie variable, laisse tant de gens sur le carreau.

#LiberezKemiSeba "

(Léonora Miano, FB, 26 août 2017).

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