mardi 6 janvier 2015

EUROPE, “ CELLE QUI FUT ENLEVEE ”


D’où les Européens tiennent-ils qu’ils sont originaires d’Europe, pour se réclamer partant de là, un droit exclusif et définitif sur cette partie du monde...?

Pour la plupart d’entre eux, les peuples qui occupent actuellement le continent européen, et qui n’en sont en rien originaires, s’y sont installés au cours du 2ème millénaire avant notre ère ce qui, à l’échelle de l’histoire, constitue une installation relativement récente. Quant aux plus anciennement installés, ils ne le furent pas avant le 4ème millénaire.

Il n’y a donc en Europe au sens strict du terme, que des descendants “d’immigrés”, même si certains sont d’une installation plus ancienne que les autres, puisqu’il ne s’est pas produit en ce continent l’émergence de ce qui aurait été un “homo européanus”, permettant à ses descendants de se prétendre une antériorité singulière leur octroyant un droit exclusif d’occupation. Retenons alors qu’à l’horizon d’il y a 6000 ans, ce qui n’est pas si lointain, il n’y avait tout simplement pas d’Européens tels que nous les envisageons aujourd’hui, c’est-à-dire de race blanche, en Europe. Ceci, alors même que ce continent se trouvait déjà peuplé...

En effet, selon la théorie “monocentriste” la plus généralement acceptée, même si elle se trouve fortement contestée par certains, c’est-à-dire celle qui établi une origine unique et africaine à notre humanité, y compris dans son évolution moderne “d’homo sapiens” à laquelle nous appartenons aujourd’hui, les anthropologues évoquent un peuplement de ce continent par des hommes qui ne pouvaient donc provenir que d’Afrique, dans une large fourchette entre il y a 500 000 ans à 1 million d’années, et aux alentours d’il y a 40 000 ans, pour l’arrivée du Sapiens...

Selon cette théorie, les premiers habitants de l’Europe, quel qu’ait été le stade de leur évolution entre australopithèques et sapiens, étaient fatalement des “êtres” venant d’Afrique, et à partir desquels se réaliseront selon leur parcours et leur villégiatures, d’autres catégories d’hommes...

Je me priverai de vous rapporter toutes les théories, plus controversées les unes que les autres, pour rendre compte de l’émergence de la catégorie d’hommes blancs qui sont selon les uns, le résultat d’une adaptation aux conditions de leur nouvelle résidence s’étant opérée sur des hommes qui à l’origine, venant d’Afrique, étaient noirs, ce que semble confirmer la génétique, ou pour d’autres, le résultat de l’émergence spécifique d’un homme blanc qui n’aurait pas d’ancêtres africains, selon les théories polycentristes...

Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les cultures scientifiques, pour toutes les croyances, et pour toutes les idéologies, et je vous laisse le soin de choisir celle qui vous convient le mieux, compte tenu que je ne suis d’accord avec aucune d’entre elles, et nous en reparlerons peut-être un jour...

Mais ce qu’il nous importe de retenir ici c’est quel que soit le schéma selon lequel s’est réalisée la catégorie de l’homme blanc dit “européen”, par évolution, par émergence spécifique en un lieu à établir, ou tombée du ciel, ceci ne s’est pas fait en Europe...
En effet, il y a 110 000 ans, il s’est abattu sur ce continent la terrible glaciation du “Würm” qui durera jusqu’à il y a 10 000 ans, mais qui fut entrecoupée d’une courte période interglaciaire aux alentours d’il y a 40 000 ans, à l’occasion de laquelle le Sapiens venant d’Afrique, s’est installé en Europe. Mais le retour de “l’inlandsis”, l’énorme calotte glaciaire recouvrant une partie des terres, aura eu deux conséquences déterminantes. Tout d’abord de faire refluer les habitants de ce continent qui à l’époque, n’étaient pas encore des Européens, vers l’ouest et le sud ouest du continent et particulièrement, vers le sud-ouest de la France, ce qui explique la très grande richesse en vestiges préhistoriques de cette région, qui constitue une exception absolument remarquable par rapport au reste de l’Europe...

Certains pourraient avoir quelques doutes quant à la nature des hommes qui occupaient alors cette région, mais un petit élément nous permet de nous en faire une idée...

Dans le sens fondamental du terme, était anciennement désigné par “mignon”, ce qui était “petit”, ce qui correspond au “klein” allemand, et par opposition se trouvait désigné par “magnon”, ce qui était grand. Le nom du fameux site préhistorique “Cro-Magnon”, signifie donc le “grand quelque chose”. Mais, pour savoir quelle est la signification de “Cro”, il nous faut nous rendre en Afrique de l’ouest pour retrouver dans la désignation des noms de villages, le nom du fondateur suivi de “kro” signifiant “village” tels que, Yamoussoukro, Konankro, Yaokro, Daoukro, etc...

Cro-Magnon signifie donc tout simplement le “grand village”, mais quant à savoir comment un sémantème de la langue des Baoulés a pu se retrouver dans le milieu de la France concernant un des sites les plus anciens de ce pays, il y a bien sûr matière à débat...

L’autre conséquence du Würm, c’est d’avoir durablement empêché par un mur de glace constitué autour du massif alpin, toute nouvelle migration en provenance de l’est, vers l’Europe dont la plus grande partie, le centre, l’est, le nord et le nord-est, se trouvait sous la glace, et donc vide de population. Cependant, à la fin de la glaciation, il y a 10 000 ans, la libération des terres, de l’est et du nord qui se fera avant celle du massif alpin, va voir une installation spectaculaire de populations dans ces régions, d’hommes blancs cette fois, dont il nous reste à établir s’ils le sont devenus durant la période de glaciation, où s’ils provenaient comme tels tout simplement d’ailleurs...

Ce sont ces peuples du Nord et de l’Est, qui vont fondre sur le reste de l’Europe pour constituer les Européens d’aujourd’hui...

L’Europe n’est donc pas la terre d’origine des Européens, mais un continent qui était déjà peuplé d’autres gens, fatalement venus d’Afrique puisqu’on ne voit pas d’où ils auraient pu venir d’autre, et qui sera envahi par des populations blanches qui deviendront par le fait des Européens. Notons bien à cette occasion que tout ceci confère sans qu’on le soupçonne, un caractère “atavique” aux migrations de populations en provenance d’Afrique, se produisant de nos jours vers ce continent, d’où leur coté irréductible...

Curieusement, c’est dans ce pays de France où le débat concernant la question de l’immigration est le plus furieux et le plus malsain, qu’on trouve le plus de vestiges et de très loin, de l’occupation antérieure de ce continent par des peuples venus d’Afrique.

Le plus emblématique est le fait des “vierges noires”, déesses mères africaines converties selon une continuité conceptuelle insoupçonnée, en vierges Marie par l’église catholique, ce qui était tout à fait approprié, et auxquelles les templiers qui avaient fait le tour de la question vont dédier les plus beaux temples de la chrétienté. Mais il y a également ces cités dites “étoiles”, Paris, Reims, Chartres, Amiens, et d’autres, établies autour de sanctuaires anciennement dédiés à des divinités du panthéon égyptien ( Isis, Ré, Nount, Amon...)

Mais ce qu’il y a de plus amusant dans cette affaire, en ce moment où se constituent en France des mouvements prônant la “remigration”, autrement dit le renvoi vers leurs pays d’origine, des non blancs de ce pays, c’est que si les Européens étaient originaires d’Europe; ce continent ne s’appellerait justement pas “Europe”. Car, ce que tous ces gens sont à des années lumière de soupçonner, c’est que le nom même de ce continent ne traduit rien d’autre que le fait qu’il a été envahi à une certaine époque, par des populations blanches, et qui ne sont évidemment pas celles qui l’ont ainsi désigné...

De nombreuses propositions ont été faites pour tenter de rendre compte du nom que porte ce continent, toutes plus hypothétiques et tirées par les cheveux les unes que les autres, et qui présentent surtout l’énorme inconvénient de ne rendre absolument pas compte, selon la signification qu’on leur prétend, de ce qu’est l’Europe, de sorte qu’on ne voit vraiment pas selon quelle curieuse inspiration, certains anciens auraient désigné ainsi cette région.

La difficulté provient du fait que ce nom “Europe” dont le rapport le plus lointain est celui fait par Hésiode au 8ème siècle avant J.C., ne possède pas directement d’étymologie grecque. Ainsi, une des propositions les plus séduisantes a consisté à dire que les marins grecs de la mer Egée, différenciaient les côtes, occidentale et orientale, bordant cette mer, par deux noms d’origine sémitique, “Ereb” pour l’ouest, qui aurait donné Europe, et “Assou” pour l’est, qui aurait donné Asie. Il est clair que ces régions n’ont pas attendu l’arrivée des Hellènes qui comme d’autres, venaient du nord, pour être nommées, et qu’elles aient alors porté des noms selon une langue sémitique n’aurait rien de surprenant...

Bien sûr le problème ne fait qu’être déplacé puisqu’il nous faudrait alors savoir pourquoi cette côte occidentale fut nommée Ereb, et là nous n’avons rien. Cependant, en nous aidant tout simplement de la tradition grecque elle-même, quant à ce qu’elle nous dit concernant la personnalité mythologique d’Europe, il est possible de retrouver la signification de ce nom, tel qu’il correspond à ce qu’on nous dit de celle-ci.

La tradition grecque, entre multiples péripéties passionnantes mais qu’il serait trop long de rapporter ici, nous dit pour l’essentiel à ce sujet, qu’ayant revêtu l’aspect d’un “taureau”, Zeus s’en est venu enlever Europe, qui était la fille d’Agenor, roi de Tyr, qu’il l’emporta, puis la “séduisit” et lui fit trois enfants dont le roi Minos qui règnera en Crête.

L’idée forte dans cette affaire c’est que ce dieu Zeus, déguisé en taureau, a tout simplement kidnappé Europe, puis s’est satisfait d’elle en lui faisant des enfants, histoire de ne pas dire qu’il l’a carrément violée. C’est pourquoi nous avons en illustration ici, cette impressionnante statue où nous voyons un taureau furieux emportant sur son dos une malheureuse Europe totalement ficelée...

Dans une autre allégorie, il est possible de voir Europe boudant et tournant le dos à ce Zeus qui cette fois, ne se trouve pas sous l’apparence du taureau, lequel constitue le symbole des forces de la terre, mais en “aigle” qui constitue dans certaines traditions, précisément le symbole des “aquilins”, c’est-à-dire de ceux qui viennent du nord, face au lion qui constitue quant à lui, le symbole des “léonins”, c’est-à-dire de ceux qui viennent du sud.

Nous comprendrons que ces deux symbolique, le taureau et l’aigle, sont cohérentes...

C’est cette histoire de “rapt” qui est fondamentale dans le fait d’Europe, et c’est précisément ce qu’évoque directement ce nom. En effet, le préfixe “eu” désigne ce qui “participe” de “l’avoir”, exactement comme en français où nous disons “j’ai eu” selon une forme justement “participe” de l’avoir. En grec “eu” signifie “bien”, ce qui est cohérent au fait que l’avoir selon lequel se constitue et se préserve “l’être”, participe en ce sens du “bien”, le mal étant en opposition, ce qui porte atteinte à l’être. C’est ce qui fait qu’en français nous disons posséder “des biens“, pour signifier de l’avoir...

Quant au sémantème “rope”, il possède une racine indo-européenne “rep”, signifiant le fait de se saisir, de capturer, qu’on ne retrouve pas en grec, mais en latin comme dans le verbe “rapere” dont la forme participe est “raptum”, et qui décrit le fait de se saisir de capturer, qu’on retrouve également dans “rapax” qui a donné en français, “rapace”, et dans “rapine”...

Rope serait finalement avec la voyelle “o”, la forme substantivée d’un “datif” selon “rep”, avec l’implication sémantique de “ à la façon de rep”, autrement dit, “par capture”...

En tout état de cause il apparait que “Eu-rope” se trouve ainsi désignée comme étant  “celle qui participe d’un avoir par capture”, autrement dit “celle qui fut enlevée”, et il est clair que ce ne sont pas des Européens qui, avant la lettre, l’auraient ainsi désignée...

Pour les anciens Grecs, il était clair que l’univers ne pouvait pas manquer d’être structuré et par le fait, parfaitement logique dans tous ses développements, même s’il était souvent difficile de comprendre quelle était cette logique, et qu’il était donc régi par un ensemble de règles incontournables constituant ce que dans d’autres traditions, les scribes ont désigné comme étant “la Loi”, que bien sûr nul n’était censé ignorer. C’est pourquoi ils désignèrent cet univers comme étant “l’ordre”, selon la signification fondamentale du mot “cosmos”.

Ils concevaient alors selon cette logique, le fait d’une “force des choses” implacable qui s’imposait comme une autorité suprême, partout et tout le temps, dans tous les aspects de nos existences et de notre univers et à laquelle ils donnèrent le nom de “Zeus”.

Ainsi, lorsque dans leur mythologie ils rapportent que Zeus à fait ceci ou cela, nous devons comprendre qu’ils veulent signifier que “la force des choses”, ou si l’on préfère, un ensemble complexe de circonstances, qu’ils ne s’emploient pas à démêler mais qui ne doivent rien au hasard, a fait qu’il s’est produit ceci ou cela. Et ceci, sans que par delà ce constat ils soient le moins du monde préoccupés de donner une explication rationnelle à l’événement, Zeus suffit comme explication... 

Cependant, il nous est possible de comprendre plus précisément ce dont il s’agit en analysant les caractères et les comportements qu’en une circonstance donnée, ils attribuent à Zeus.

Dans notre affaire, Zeus avait revêtu les aspects du taureau. Il s’agit en celui-ci d’un animal puissant qui ne se nourrit pourtant que d’herbe et qui semble ainsi s’alimenter directement des “forces de la terre”, qu’alors il représente. Or, ces forces sont souvent jugées comme étant maléfiques, ce qui nous vaut le mot “paganisme”, dans le sens de “sorcellerie”, pour le fait de les mettre en œuvre et ceci, par un travail sur la terre qui est en dans le sens habituel, un travail de “paysan”, ce qui en latin se dit “pagan”, et étant bien entendu qu’il s’agit là d’une métaphore et que tous les paysans ne sont pas nécessairement des “païens. C’est ce qui nous vaut également le mot “terreur” pour décrire la manifestation de ces forces de la terre.

Notons que c’est dans cette compréhension des choses que les Egyptiens sacrifiaient le taureau représentant les forces de la terre, selon un rite qui se trouve à l’origine de la tauromachie...

C’est donc comme on le comprend, par un acte de “terreur”, signifié par Zeus en taureau, que l’Europe fut conquise. Mais, cette assertion se trouve en redondance avec le fait que c’est en les désignant précisément comme étant les “fils de la terre”, ce qui de leur point de vue, était très infamant, que les peuples du sud qui se trouvaient en conflit avec eux, désignaient les peuples blancs nordiques. Curieusement, les Grecs reprendront à leur compte cette nomination accablante pour désigner ceux qui leur étaient étrangers...

Il est remarquable à ce sujet que jusqu’à présent, les “hellénistes” s’appliquent à ne pas constater que “hell-eni” ne signifie rien d’autre que “tirés des enfers”, avec le radical indo-européen “hell” désignant les enfers, qu’on retrouve selon cette signification en anglais,  et qu’ont repris à leur compte les hordes américaines de “hell-angels”, et le suffixe “eni”, dont l’implication est extractive...

Ainsi furent appelés les envahisseurs blancs nordiques par ceux qui leur faisaient face, mais leur rencontre conflictuelle allait pourtant donner naissance à la civilisation “minoenne”, et c’est ainsi que la tradition nous dit qu’ayant enlevé Europe, Zeus l’emmena en Crête et lui fit trois enfants dont l’un deviendra le roi Minos...

Le pharaon Ramsès III qui eut à affronter ceux de ces envahisseurs qui, la Grèce conquise, s’aventuraient encore plus loin, les décrivit comme étant des hommes venant des confins de la Terre, des “colonnes du ciel”, ainsi que les Egyptiens désignaient les régions polaires, et des “ténèbres éternelles”, informé qu’il était du fait qu’en hiver, ces régions nordiques se trouvaient la plupart du temps plongées dans la nuit.

Ces envahisseurs furent donc dit les “hommes des ténèbres”, celles-ci se disant “gereh” en égyptien, ils furent donc nommés “gereh-ki” ou “gereh-mani”, les “Grecs” qui ne se sont eux-mêmes jamais appelés ainsi, et les “Germains”. Dans ces constructions, “ki” est un collectif descriptif des hommes dans leur “quête”, ce qui est le cas des migrants, et “mani”, un descriptif des hommes selon leur haute “maitrise”, ce qui est le cas des envahisseurs...

Hegel qui se souviendra de l’identité d’origine entre Grecs et Germains, prétendra que ce sont les Latins qui ont corrompu l’héritage fameux des Grecs, que les Allemands avaient donc pour mission de restaurer. Les nazis sauront faire usage de ce point de vue...

Dans certaines régions d’Afrique, la Terre, pour sa qualité nourricière se dit “tété”, terme qui pour cette raison décrit aux Antilles, le sein de la femme. Les envahisseurs fils de la terre étaient donc également dit “tété-iche” et curieusement, le terme “iche” qui se retrouve comme tel dans le créole martiniquais pour désigner “l’enfant”, n’existe plus que d’une façon fossilisée en tant que désinence dans les noms de peuples européens tels que English, Irish, Scottish, etc...

Une autre formulation de “fils de la terre” fut “tété-eni” pour dire “tirés de la terre”. La formulation “tété-iche” donna “teutsch”, puis par rotation du t en d, “Deutsch”, et la formulation “tété-eni” donna “teutoni”, puis “Teutons”...

Deux remarques s’imposent à cet instant. Il est évident que ce ne sont pas les Grecs eux-mêmes qui se seraient prêtés à écrire selon des pans entiers de leur mythologie, des passage qui leur étaient aussi peu favorables et qu’en tout état de cause, ce que nous concevons comme étant la mythologie grecque, n’a pas manqué de s’alimenter de traditions antérieures. D’autre part, il apparait que la plupart des peuples européens ont été nommés, et selon des désignations peu gratifiantes et il apparait là encore, que ce ne sont certainement pas eux-mêmes qui se sont ainsi désignés. Or, il existe un rapport d’autorité entre celui qui nomme et celui qui est nommé, de sorte qu’à l’origine, les peuples européens se sont un instant trouvés sous l’autorité d’autres peuples qui les ont nommés. Quels était-ils...?

Nous verrons cela une autre fois... Peut-être...

                                                                 Paris, le 6 janvier 2015
                                                                      Richard Pulvar

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