samedi 12 avril 2014

LA SOCIÉTÉ CIVILE FACE AUX ARTISANS DU TRAITE TRANSATLANTIQUE (le TAFTA-TTIP) CE 10 AVRIL A PARIS


Ce jeudi 10 avril 2014, dans le 16 ème arrondissement de Paris au numéro 10 de l’avenue Iéna dans le très chic et très discret hôtel du Shangri-La, s’est tenu un évènement majeur. Il s’agissait d’une réunion de concertation concernant le Traité Transatlantique que l’on désigne sous les sigles de TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership ) ou bien encore PCTI (Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement).

Une réunion à Paris organisée par le Washington Post et European voices, un journal spécialisé sur l’actualité européenne à Bruxelles, sponsorisée par le groupe pharmaceutique Eli Lilly et la Buisness Software Alliance et annoncée également comme cautionnée par Ron Paul, un des fondateurs du Tea Party aux USA.

En conformité avec l’esprit qui entoure les négociations du traité transatlantique, c’est-à-dire dans le secret, sans débat public, ni informations données aux citoyens de l’Union Européenne et des Etats Unis, c’est en toute discrétion, à l’abri des regards dans cet ancien immeuble au style napoléonien , ayant comme entrée une marquise étroite et non d’un grand hall d’entrée comme dans d’autres palaces, que le commissaire européen Karel de Gucht, le négociateur pour l’Union Européenne du TAFTA a rencontré des dirigeants de grandes entreprises et industries multinationales. 


Comme intervenants étaient mentionnés sur le programme pour les Etats-Unis : Howard Shelanski du Bureau de l'information et des affaires réglementaires (OIRA), Nani Beccalli-Falco Vice- président sénior CEO GE Allemagne de General Electric, Carlo d’Asara Biondo le président de Google pour l’Europe du sud, de l’Est, du Moyen-Orient et de l’Afrique. 


Côté européen : Karel de Gucht pour l’UE, Simon Cooper directeur général du groupe et chef de l’Exécutif de HSBC Global Banking-Commercial pour la Grande-Bretagne et pour la France Christophe de Margerie Chairman président et chef de la direction de Total. 
A cet éventail s’ajoutaient les dirigeants d’ American Consortium for EU Studies (USA), de la Dow Chemical Company (USA), de l’APCO World wide (USA), de la Software Alliance (USA), de la Eli Lilly and Company (USA), de l’ European Medicines Agency (UE), de Daimler (Allemagne) , plus la ministre suédoise des Affaires étrangères .


Pour la France devait être présent Pierre Sellal le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères mais qui finalement ce jour-là était au Japon. Ainsi la France était représentée par un dirigeant du groupe pétrolier Total. 

A l’ordre du jour les thématiques plusieurs problématiques telles que :
"Quel est l’état actuel des négociations ? Quels sont les obstacles possibles à un accord ? Y aura-t-il tellement d’exemptions et de dérogations que l’accord n’aura qu’un impact limité ? Quel est l’avenir du commerce transatlantique si la TTIP n’est pas signé ? Comment le TTIP affectera-t-il l’économie des BRIC et le commerce mondial ?"


Pour se joindre à ce parterre de dirigeants de multinationales et accéder à l’information délivrée à cette occasion il fallait payer sa place entre 1 540 euros et 2 148 euros. Un procédé pour le moins non démocratique qui consiste à allonger la monnaie pour voir.

Ainsi comme les citoyens et la société civile ont été délibérément tenu éloignés de cette sauterie et que surtout ces négociations de traité auront pour résultat de dégrader le quotidien des habitants des zones concernées ainsi que de provoquer des désastres environnementaux majeurs, le Collectif STOP TAFTA constitué de plusieurs Collectifs citoyens, de formations syndicales et quelques partis politiques de gauche et écologistes, est venu sur place jouer les troubles fête et manifester afin de ne pas laisser le champ libre à ces artisans du TAFTA, et profiter pour faire également de l’information citoyenne concernant le traité transatlantique.

Dans l’animation de la manifestation le Collectif citoyens des Engraineurs aidé d’une brigade de clowns ont instigué un faux débat contradictoire (puisque dans les faits il n’y en a aucun en France) avec d’un côté parodiant les oligarques partisans du TAFTA regroupé dans le Troïka Parti. Habillés et grimés en faux lobbyistes et brandissant des pancartes « We have dream TAFTA », ils ont déclamé des discours langue de bois ponctués par des « A bas, la démocratie ! », « La démocratie n’est pas compétitive ! ». Un choix de présentation ironique pour rendre percutants les avantages que tireront les transnationales du TAFTA au détriment des citoyens. 

En réponse de l’autre côté différents membres du collectif STOP TAFTA présentaient les méfaits et les dangers conséquents que feront courir ce traité à l’ensemble des populations en Europe et aux Etats-Unis.


Les prises de paroles se sont déroulées en deux temps, tout d’abord des représentants de collectifs citoyens se sont exprimés tel que ceux de la quadrature du net (liberté internet), Act'Up (médicament générique et brevet), April (brevet et secret industriel), un représentant des collectifs antis -gaz de schiste ile de France pour les collectifs antis gaz de schiste, les engraineurs.
Le second temps de parole était dévoué aux représentants des partis politiques et des syndicats. Cette partie fut rythmée par Yannick Jadot pour Europe Ecologie les Verts (EELV), Eric Coquerel pour le Parti de Gauche (PG), Françoise Castex, eurodéputée pour Nouvelle Donne, Jean-François Pellissier, conseiller régional du Front de Gauche pour Ensemble, deux membres du Parti Pirate, un représentant de Solidaires douanes pour les syndicats.

Un dispositif conséquent de CRS également était présent pour circonscrire la manifestation et empêcher les manifestants d’avoir accès aux grands pontes confinés à l’intérieur du luxueux hôtel.



Une manifestation festive et didactique dénonçant et informant à la fois le déni de démocratie que constitue le traité transatlantique (TAFTA/ TTIP), qui si elle n’a pas pu se tenir dans l’enceinte du Shangri-La, elle a tout même réussi à drainer enfin quelques journalistes de la presse classique.
Il est à souhaiter que désormais les grands médias se mettent à informer sur ce sujet grave qu’est le Traité transatlantique car il affectera tout le monde et il dépréciera la vie de l’ensemble des populations vivant dans l’Union européenne et outre Atlantique.


Emmanuelle Bramban

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