vendredi 24 janvier 2014

AINSI, LE MENSONGE D’ETAT RELAYE PAR DES MEDIAS AUX ORDRES, EST-IL DEVENU L’INSTRUMENT DE LA MISE EN PLACE D’UNE DICTATURE


Mentir, mentir, et encore mentir jusqu’à l’outrance et même jusqu’à l’invraisemblable. Ceci, en s’étant tout d’abord assuré que tout l’appareil médiatique, dans le rôle propagandiste qui désormais est devenu essentiellement le sien, puisse faire rentrer ces mensonges par un matraquage permanent, comme étant des vérités évidentes, dans les cervelles des citoyens dont il faut malgré tout bien dire, qu’elles sont passablement complaisantes à ce sujet. Tel est désormais le mode opératoire afin d’une maitrise du pouvoir pour simplement ce qu’il est, et certainement pas pour ce qu’il permettrait autrement de faire positivement, puisqu’on ne peut évidemment pas parler de mise en œuvre d’une politique concernant cette façon de procéder et qui est celle des différents gouvernements qui se sont succédés dans ce pays depuis des années...

Cette pratique a pris par l’usage une telle ampleur que désormais, il n’est plus possible d’accéder ou de se maintenir au pouvoir, autrement que par le mensonge, celui dont on a fait que les électeurs en sont devenus, et c’est bien là le plus grave, de grands consommateurs...

Le problème c’est qu’en effet, loin de se défier des mensonges, le peuple quant à lui en redemande, mais des bons, c’est-à-dire des plus énormes, à condition bien sûr qu’une habile présentation les rendent suffisamment crédibles, pour qu’il puisse se complaire à y croire. Car, du fond de la morosité ambiante de toutes ces dernières années, et malgré leur promesse de mieux être, le simple et rigoureux exposé des exigences sociales permettant d’y accéder, ne provoque aucune des émotions qui permettraient d’obtenir une adhésion enthousiaste à celles-ci. Car, il faut en plus pour cela cette pointe de passion que nous dirons ici, “positive”, et qui résultait jusqu’alors de la fascination que provoquaient sur les électeurs, les projets ambitieux et bien souvent irréalistes, qui leur étaient proposés par les candidats aux responsabilités.

Aujourd’hui, après tant d’années de déconvenues découlant des différentes politiques menées sans aucun succès contre les mêmes et iréductibles difficultés, il est clair qu’aucun candidat n’aura le culot de prétendre que tout ira soudainement beaucoup mieux grâce à lui. Mais, qu’à cela ne tienne, au moins peut il prétendre en demeurant un minimum crédible, que les choses cesseront grâce à lui de devenir pire encore, qu’il se produira grâce à son action une “inflexion” des courbes représentant l’évolution défavorable de ces choses, en vue d’une remontée et un retour vers des temps meilleurs.

Pour cela, il lui faut alors dénoncer avec force ce qui selon lui constitue les facteurs de dégradation, qu’il s’agisse alors d’institutions ou de catégories de population, où même comme c’est le cas en ce moment de la part d’un gouvernement, d’un individu, qu’il promet de combattre avec énergie. Ceci lui permet de compter pour que les électeurs adhèrent à son projet, sur une passion “négative” celle-là, puisqu’elle ne repose pas sur l’idée de ce qui sera, mais sur celle de ce qui ne sera plus...

En fait, il ne s’agit ni plus ni moins que d’offrir au peuple un “objet de détestation”, un bouc émissaire que par la manipulation médiatique, on chargera non pas des maux qui sont déjà existants de la nation et dont les causes sont bien trop évidentes pour pouvoir lui être attribuées, mais de périls qu’il est censé faire courir à cette nation tels que la faire sombrer dans le racisme et dans le fascisme.

Ainsi, en mobilisant toutes ses forces et les institutions de l’état contre l’objet dénoncé d’un “pire à venir”, dont les médias propagandistes en feront “l’objet suprême de détestation” contre lequel le peuple pourra concentrer toute sa vindicte, à défaut de pouvoir le faire contre les vrais responsables de son tourment, un gouvernement par ailleurs totalement défaillant, parvient-il à faire oublier à ce peule ravi de pouvoir enfin régler par cela, un compte contre quelqu’un, sa totale impéritie. Ceci, contre une mauvaise situation qui n’a quant à elle rien d’imaginaire, puisque c’est celle que vivent déjà effectivement ces citoyens, mais qui, par ce transfert de l’action prioritaire d’un gouvernement, d’une situation réelle à une situation fantasmée, ne se trouve même plus du tout combattue, serait-ce même insuffisamment...

Il faut reconnaitre que le coup est astucieux, mais il cache un pire à venir qui n’est pas celui que l’on proclame, et qui réside dans le fait de toutes les dispositions liberticides qui sont prises, non pas en vue de lutter contre un objet réel, ce qui imposerait malgré tout des limites à ces dispositions, mais contre un objet fantasmé entretenu par une propagande mensongère, et dont il suffit alors d’en amplifier à volonté les caractères prétendus, pour justifier graduellement jusqu’au pire des totalitarismes, ces atteintes successives portées à la liberté de chacun...

La dictature qui se met ainsi progressivement en place dans ce pays, et qui pour beaucoup demeure insoupçonnée comme telle, parce qu’elle n’est pas le fait d’une prise autoritaire du pouvoir, se trouve sous-tendue par deux forces terrifiantes. Il s’agit d’une part de la propagande mensongère dont use le pouvoir et qui a fait le débat public échapper totalement au domaine des réalités, pour le placer dans celui des fantasmes les plus irrationnels, lesquels sont susceptibles de tout justifier et particulièrement, les pires atteintes aux libertés, et d’autre part de la misérable lâcheté des citoyens qui préfèrent se soulager en s’en retournant contre les quelques victimes expiatoires qui leur sont jetées en pâture, plutôt que contre leurs véritables bourreaux, ceux-là mêmes qui leur ont commodément désigné ces victimes...

Les démocrates de ce pays se trouvent aujourd’hui face à deux problèmes redoutables. Celui tout d’abord d’avoir à combattre la mise en place d’une dictature se faisant précisément, et tel est bel et bien le cas, même si cette justification est mensongère, au nom de la lutte contre le fascisme, et celui d’avoir à combattre une malfaisance, alors que l’expression par le fait “démocratique” de celle-ci, est devenue celle du peuple lui-même dans sa majorité...

Une erreur multipliée par soixante cinq millions, ne devient pas pour autant une vérité, mais cependant, la combattre alors qu’elle est devenue telle, c’est à dire librement adoptée par le plus grand nombre, est formellement antidémocratique. Où se trouve donc la solution...?


Paris, le 24 janvier 2014
Richard Pulvar

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