jeudi 5 décembre 2013

INTERVENTION AU CENTRAFRIQUE


On fomente une rébellion contre un dirigeant indocile, et les candidats exaltés, rêvant d'établir chez eux un ordre religieux autoritaire, ne manquent pas pour se faire les acteurs de cette insurrection...

On refuse d'appliquer les accords de défense prévoyant la charge pour la puissance de tutelle, de se porter au secours de l'administration légale en place dans le pays...

Son armée ayant été rendue impuissante par la cessation des livraisons d'armes et de munitions par la puissance tutélaire, le président est contraint de prendre la fuite...

On laisse sans sourciller les rebelles s'étant rendus maitres des lieux, accomplir des exactions...

Ensuite, face à l'opinion mondiale alertée de ces crimes odieux, on intervient sous l'égide des Nations Unies pour assurer la sécurité des populations, et ce, sans se gêner pour abattre les rebelles qu'on avait auparavant armés et instrumentalisés. Tant pis pour eux dans leur naïveté...

On profite de cette vacance du pouvoir pour mettre en avant son candidat, celui auquel on a auparavant arraché des concessions pour l'exploitation des ressources naturelles du pays, pour une élection qu'on organise au plus vite, afin de rétablir la démocratie, et bien sûr, il est élu...

Et le tour est joué...

Cela a toujours fonctionné, cela fonctionne encore aujourd'hui, et cela risque de fonctionner encore longtemps...

Ceci, parce que face à cette réalité, le seul réflexe des Africains c'est de hurler et cracher contre la puissance tutélaire qui du fond de ses sales habitudes colonialistes, ne connait que ce mauvais moyen pour tirer avantage du continent, alors que d'autres comme la Chine, montrent qu'on peut intelligemment gagner tout en faisant gagner les autres...

Mais ces Africains ne comprennent pas que leur vociférations ne sont que la preuve même de leur grande faiblesse, et que ce qui les maintient dans celle-ci, c'est qu'ils ne se donnent que l'impérialisme de la puissance tutélaire qui, dans l'empoignade qui existe entre les nations, joue tout simplement son intérêt comme toutes les nations sont tenues de le faire, même si d'évidence elle le joue mal, comme explication de leur malheur.

Ils n'ont encore pour explication de quatre siècles de défaites, que de se dire que "c'est la faute des autres"...

Quand on est défait c'est bien sûr de la faute de celui qui vous défait, mais la seule et vraie question qui se pose c'est de savoir pourquoi est-on toujours défait, et on ne peut par rendre l'autre responsable de ses faiblesses...

Dans le rapport d'un faible à un fort, le premier n'a évidemment aucune chance de pouvoir affronter efficacement le second sans préalablement se renforcer, c'est-à-dire sans préalablement se débarrasser de tout ce qui l'affaibli.

C'est donc bien au coeur d'eux-mêmes que les Africains doivent rechercher sans aucune concession, les raisons de leur faiblesse. Il leur faut se poser toutes les questions quant à eux-mêmes, en faisant une analyse rigoureuse de cinq siècles de leur histoire, et même remonter au-delà si nécessaire pour savoir tout d'abord pourquoi sont-ils aussi divisés, pourquoi manifestent-ils si souvent tant de haine les uns des autres à travers leur "ethnicisme" archaïque et malsain, pourquoi est-il toujours aussi facile pour les puissances impérialistes, d'envoyer les uns pour assassiner les autres...?

Ils devront à cette occasion cesser de se dédouaner comme ils le font avec bien peu de courage et de fierté, quant à leur responsabilité dans la déportation esclavagiste, plutôt que de ne cesser de proclamer stupidement qu'ils n'y sont absolument pour rien, ce qui n'a aucun sens, et qui ne résiste pas à l'analyse. Car si on n'a déjà pas le courage d'affronter les heures sombres de son histoire, on ne se prépare pas au meilleur avenir.

J'ai évoqué précédemment la relative et surprenante facilité de la puissance coloniale, qui ne disposa de jamais plus de 6000 hommes sur tout le continent, et qui su habilement engager des Africains pour combattre d'autres Africains comme elle le fait en ce moment. Et ceci, à rapporter aux 22 000 hommes qui furent envoyés pour mater la révolte haïtienne, et qui furent pourtant vaincus.

Aujourd'hui la puissance tutélaire enverra peut-être 800 à 1200 hommes, et l'affaire sera réglée, même si certains se rêvent dans leur délire et dans leur mauvais état, de l'affronter militairement, alors même qu'ils demeurent au fait de toutes leur divisions...

Seul un examen sérieux d'eux-mêmes et rien d'autre, de leur sociologie, et en cessant une bonne fois, puisque cela ne sert strictement à rien, de hurler à la faute de l'autre, ce que tout le monde sait, permettra aux Africains d'envisager sereinement l'avenir, de se renforcer eux-mêmes, pour se sortir de ce carcan...

Et si, comme pour ma part je le comprends, le noeud de toute cette affaires se trouvait au niveau de la "haute métaphysique", il est clair que toutes les agitations vindicatives n'y seront d'aucun effet...

Nous en reparlerons...

Paris, le 5 décembre 2013
Richard Pulvar

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