lundi 8 avril 2013

VOILA QU’APRES AVOIR DEMENTI SES IDEES, LE TEMPS S’EN VINT DEMENTIR SON “ETRE”


La célèbre “Dame de fer” n’est plus, et nous ne pouvons que constater que son idéal de “société libérale avancée” qui nous fut en son temps, tant vanté, mais dont nous devons à la volonté farouche de sa mise en place par certains, l'essentiel des difficultés économiques et financières qui nous frappent aujourd’hui, a péri bien avant elle.

Margaret Thatcher s’est trompée, mais son erreur ne fut ni une simple bévue, ni une erreur d’appréciation quant à la réalité politique et économique de son époque, ni la marque d’un manque d’intelligence. Non, elle a commis l’erreur la plus grave, la plus fatale, mais malheureusement la plus généralement partagée par un grand nombre des dirigeants de ce monde, dont on n’aurait de cesse de dénoncer la méconnaissance totale qui est la leur, des lois les plus fondamentales qui régissent notre univers dans tous ses aspects, et contre lesquelles ils ne pourront en aucune façon avoir raison, quoi qu’ils tenteront...

De quoi s’agit-il ?

L’erreur gravissime de Margaret Thatcher et qui demeure celle de nombreux dirigeants d’aujourd’hui, qu’ils se réclament alors du libéralisme ou du socialisme, c’est d’avoir été convaincue que “l’exactitude” se pouvait en quelque sorte en notre monde, autrement dit qu’il existait forcément, au-delà de toutes les maladresses et les incohérences gouvernementales découlant selon elle d’idéologies inadaptées, une forme “idéale” de gouvernance, selon une façon “exacte” des choses, celle de leur “excellence”. Ainsi, convenait-il alors de prendre tout simplement toutes les dispositions afin de parvenir à cette façon d’exactitude, pour que les choses aillent bien, et pourquoi pas, définitivement bien.

Or, bien avant de savoir si le libéralisme constituait bien la voie d’accès à ce système idéal, alors que d’autres ont proclamé quant à eux que c’était le socialisme qui permettait d’y accéder, c’est dans cette idée même d’une façon exacte des choses, que se situait le mal. C’est elle en effet, qui allait conduire Margaret Thatcher a utiliser avec une obstination aveugle, les moyens les plus brutaux et les plus extrêmes, pour “y parvenir” coûte que coûte, tout comme la même conviction maladive d’être dans le “vrai définitif”, avait conduit les staliniens à constituer “l’archipel du goulag”, et à le peupler de tous leurs opposants, là aussi pour pouvoir parvenir à tout prix, à la société idéale.

En réalité, si “l’exactitude” se pouvait sur notre Terre, il y a bien longtemps que les uns et les autres, nous n’existerions plus. Ceci, compte tenu de l’antinomie fondamentale qui existe entre ce qu’est un “être”, lequel ne peut manquer d’être “actuel”, et la notion inverse “d’exactitude”, selon le sens fondamental de “ex-actus”, c’est à dire “hors d’acte”, ou si l’on préfère, ce qui n’est ni le fait ni le lieu d’aucun acte, autrement dit “l’inerte”.

En fait, seul l’inerte est exact, et c’est d’ailleurs justement pour cela qu’il ne devient rien d’autre. Qu’on comprenne donc une bonne fois qu’il ne se peut absolument rien “être” dans notre univers, selon l’exactitude, même si cependant, il ne se peut d’être que selon une tentative permanente d’exactitude, qui n’est rien d’autre que ce que nous appelons “le temps”.

Notre univers est ainsi le “règne de l’erreur” laquelle explique sa soumission au temps, et c’est d’ailleurs ce que nous enseignent depuis des lustres les “écritures”, désignant notre monde temporel “d’ici-bas”, comme étant celui de l’erreur, en opposition à un monde spirituel de “l’au-delà”, qui est celui de l’exactitude.

Ainsi, la tentative d’établir notre société humaine selon l’exactitude, est-elle une folle tentative de “l’au-delà”, autrement dit une tentation de la “mort”, et c’est ce qui explique que les régimes autoritaires qui, à partir d’une base doctrinale rigide et exclusive, ont voulu établir des nations selon une façon exacte des choses, n’ont-ils fait finalement qu’accumuler les montagnes de cadavres...!

Tout dirigeant digne de ce nom doit donc être bien imprégné bien avant d’accepter la lourde responsabilité de sa charge, du fait que loin d’envisager de s’en sortir avec un système prétendu parfait qu’il tenterait de mettre en place, afin d’être ensuite tranquille, il demeurera à sa charge permanente et ingrate, de gérer avec opiniâtreté, au mieux qu’il le pourra, et au prix du sacrifice de sa personne et de bien des échecs, “l’erreur” que constituera quel qu’il sera, le système politique qui sera le sien.

Tout ceci signifie que contrairement à Margaret Thatcher qui est demeurée convaincue jusqu’au bout que le “libéralisme” était une démarche politique positive en elle-même, et qui méritait donc d’être appliquée sans réserve par delà la complexité de toutes les considérations, historiques, culturelles, conjoncturelles, environnementales, et même affective, en réalité, “libéralisme” et “socialisme”, ces deux démarches opposées de la conduite des affaires politiques, n’ont pas de valeur en elles-mêmes, elles n’en ont que selon la circonstance de leur application, et ne peuvent donc absolument pas constituer des fin en elles-mêmes.

Ces deux démarches ont chacune leur occasion d’application et il convient au dirigeant de vérifier que celle qu’il emploie se trouve bien à propos. Or, de nos jours, à cette heure où toutes les structures les plus traditionnelles de solidarité entre les citoyens, le couple, la famille, la maisonnée, le village, la compagnie, le syndicat, le parti, la communauté religieuse, et d’autres, ont voltigé en éclat, avec tous les désastres que nous constatons, il faudrait être vraiment d’une totale inconséquence, ou alors de la pire mauvaise foi, pour prétendre que ce dont nous avons besoin aujourd’hui serait de davantage encore de libéralisme, et certains pourtant, ne se gênent pas de le dire...!

Il ne peut échapper aux gens sains d’esprit que ce dont nous souffrons le plus aujourd’hui ce sont des désaccords irréductibles et permanents qui sèment la perturbation dans les différentes strates de notre société, et que ce dont nous avons on ne peut plus besoin aujourd’hui, c’est de procéder à une très ardente “resocialisation” justement de celle-ci.

Cependant, nous devons comprendre ici que pour désagréable qu’elle soit, cette situation “limite”, n’a rien d’invraisemblable. Car notre incapacité sociale d’exactitude, notre condamnation sur ce plan, à l’erreur, réside tout simplement dans le fait que notre humanité elle-même se trouve constituée selon une “contradiction fondamentale”, puisqu’il s’agit en fait en celle-ci, d’une “communauté d’individus”.

Dans cette constitution de notre humanité, il y a naturellement contradiction entre les dispositions qui sont nécessaires afin de préserver l’autonomie et la spécificité des individus, sans lesquels une communauté de ceux-ci ne pourrait évidemment pas se constituer, et les dispositions qui sont nécessaires pour préserver la solidité de la communauté, sans laquelle les individus ne pourraient pas se réaliser.

Les dispositions de nature à préserver l’autonomie et la spécificité des individus, constituent l’essence du “libéralisme”.

Les dispositions de nature à préserver la solidité et la solidarité de la communauté, constituent l’essence du “socialisme”.

Si leur contradiction était statique, il ne se passerait strictement rien.

Mais leur contradiction est heureusement dynamique, c’est-à-dire qu’elle s’opère selon l’alternance de leurs exercices, de la même façon et pour la même raison d’ailleurs, que se développe le mouvement d’un pendule, tel que celui-ci signifie le développement du temps, par l’alternance des exercices de la force de gravitation qui tend à faire descendre le pendule, et la force d’inertie qui tend à le faire remonter, et ainsi de suite.

Ainsi, dès lors que l’on parvient en limite normale du libéralisme, et il convient surtout de constater cette limite pour éviter de sombrer dans le désastre, par un maintien anachronique de cet exercice, faut-il alors procéder à une resocialisation, et une fois parvenu selon cet autre exercice, en limite d’étatisation, c’est alors qu’il faut procéder comme cela s’est fait en Chine, à une libéralisation, et ainsi de suite vont les sociétés…

Libéralisme et socialisme valent donc pareillement, mais pas au même moment, puisque c’est précisément de leur contradiction dynamique que va naitre le temps de “l’être” de notre société, et il est clair au vu de notre situation actuelle, qu’il nous faut nous engager résolument aujourd’hui, dans la voie d’une ardente resocialisation, à l’heure où se manifestent toutes les horreurs de “l’outrance” libérale, laquelle est due au fait que cette doctrine ne se trouve plus du tout équilibrée, puisqu’une gauche de “faussaires”, en à fait la sienne...

Que chacun joue son rôle en son temps, et tout se passera mieux...!

Paris, le 8 avril 2013
Richard Pulvar

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