samedi 16 février 2013

Du cheval à la place du bœuf



Le nombre de pays européens impliqués dans le scandale des livraisons de la viande chevaline à la place du bœuf, ne cesse de s’agrandir. C’est maintenant le tour de l’Allemagne et notamment du land Rhénanie du Nord-Westphalie qui suppose avoir reçu de la viande de cheval au lieu de bœuf. Des cas semblables ont été constatés en Irlande, en Grande Bretagne, en France et en Suède et on soupçonne même que la Russie ne soit pas épargnée.

La viande chevaline a été découverte antérieurement dans des lasagnes fabriquées par la marque suédoise Findus, le plus gros fabricant de plats précuisinés surgelés. La viande douteuse provient de la société française Comigel qui se faisait fournir par un autre fabricant français et notamment Spanghero. En remontant la chaîne, les enquêteurs ont finalement débouché sur des fournisseurs à Chypre et aux Pays-Bas ...et à des abattoirs en Roumanie.

Les médias belges ont annoncé vendredi que la police a interpellé l’homme d’affaires hollandais Ian F. dont la société enregistrée à Chypre a acheté de la viande de cheval dans un abattoir en Roumanie. Mieux encore, elle était désignée comme telle dans les documents établis en Roumanie et ne devait devenir du boeuf qu’au moment de sa revente.

Nina Banspach, porte-parole de l’Autorité fédérale allemande chargée de protection des droits des consommateurs et de sécurité alimentaire, a déclaré dans l’interview à notre radio que « les produits jugés suspects ont été retirés du marché ». Les autorités allemandes les testent actuellement pour révéler éventuellement la présence de l’ADN chevalin et de produits vétérinaires. « L’ADN chevalin a été identifié dans certains cas et les tests vétérinaires se poursuivent toujours sans donner pour le moment aucun résultat concluant ».

Mais la présence du cheval dans les produits bovins ne semble pas trop inquiéter les Européens :
« Je ne pense pas que les Européens achèteront moins de viande. La viande chevaline n’a rien de dangereux pour l’homme et ce n’est qu’une variété de viande comme une autre », pense la Slovaque Julia Karabova et poursuit : « Cela ne peut nuire qu’aux fabricants qui risquent leur réputation en ajoutant du cheval bon marché au boeuf bien cher pour tirer plus de profits. Et bien que l’Europe protège sérieusement les droits des consommateurs, elle devrait durcir les exigences envers les fabricants », estime Madame Karabova. Réputée pour ses institutions de protection des droits des consommateurs, l’Europe n’est pas moins confrontée à un problème qui pour être sans danger pour la santé humaine, n’est pas moins assez grave sur le plan moral et éthique parce qu’il s’agit en fait d’une fraude. Même les sociétés européennes socialement responsables sont prêtes à tous les coups dans la chasse aux profits.

Alexeï Roussine

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