mercredi 9 janvier 2013

LA POLEMIQUE NICOLAS BEDOS OU L’ART DE FAIRE DIVERSION


S’il y a une discipline, hélas non répertoriée aux Jeux Olympiques, dans laquelle nous autres Créoles (Antillais, Guyanais, Réunionnais etc.), sommes sûrs et certains de toujours finir en N° 1 sur le podium, c’est bien celui de la diversion. Nous avons même élevé cette dernière en un art que nous pratiquons à la moindre occasion, cela avec l’élégance de l’autruche qui enfonce sa tête dans le sable.

Ainsi, ces jours-ci, il n’est bruit sur les réseaux sociaux et dans nos diverses associations de toutes obédiences que de l’outrage qu’aurait commis envers nous l’humoriste français Nicolas Bedos dans sa chronique hebdomadaire de « Marianne », chronique dans laquelle il relatait un récent voyage en Guadeloupe. Le fait de l’avoir terminé par « Enculé de nègre ! » a mis en émoi tous ceux qu’indiffère :

- le fait que 65% de nos jeunes de 18 à 29 ans soient au chômage

- le fait que 1.000 hectares de terres agricoles sont bitumés ou bétonisés chaque année, ce qui est un crime contre les générations futures étant donné l’exiguïté de nos pays

- le fait que le chlordécone a pollué nos terres, nos nappes phréatiques, nos rivières et nos rivages pour les 150 années à venir, provoquant une augmentation sidérante du taux de cancers, des maladies d’Alzheimer et de Parkinson ainsi que des malformations congénitales chez le nouveau-né

- le fait que la drogue circule librement ou quasi-librement et que le nombre de « djonmpi » ou zombies urbains ne cesse de croître

- le fait que le nombre de femmes battues (ou tués) atteint des proportions inacceptables

- le fait que la moitié de nos populations vit des minimas sociaux alors que certains figurent dans la liste des 200 plus grosses fortunes françaises

- le fait qu’une bonne partie de l’émigration antillo-guyanaise et réunionnaise en France est en déshérence et que sa jeunesse n’a d’autre avenir que le sport ou la musique

Etc…etc…

Bref, tout ça n’émeut nullement nos bonnes âmes ! Aucune de ces associations, qui se sont vertueusement élevées contre les propos de Bedos ou qui ont porté plainte en justice contre lui, ne semblent s’émouvoir de cette interminable liste de problèmes qui affectent nos sociétés créoles. A leurs yeux, Bedos est plus important que le chlordécone ! Que le secteur de la pêche soit menacé de disparition à cause de ce poison qu’est ce pesticide et que les empoisonneurs ne soient nullement inquiétés, n’empêche pas nos antiracistes auto-proclamés de dormir sur leurs deux oreilles.

Ce comportement a un nom. Un seul : la Diversion.

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