mercredi 18 juillet 2012

Syrie : la vraie fausse défection du général syrien, Manaf Tlass!


Manaf Tlass, le n°2 de la garde présidentielle de Bachar el-Assad semble avoir quitté Damas.

Alors que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, annonçait son arrivée, en France, et que d'autres l'annonçaient, en Turquie, la vérité serait pourtant tout autre. Il y a une semaine, les médias occidentaux ont annoncé, à grands cris, le début de l’effondrement du régime de Bachar al-Assad. Preuve : la défection du général Manaf Tlass, n°2 de la Garde Présidentielle, commandée par le frère de Bachar al-Assad, Maher.

Manaf Tlass est le fils de l’ancien ministre de la Défense, le général Tlass, francophile et francophone, âgé aujourd’hui de 78 ans et qui n’a plus de poste officiel, tout en conservant une influence importante. Le ralliement de son fils aux opposants du régime alaouite aurait été, évidemment, un coup dur, pour le président syrien.

L’information avait été fournie aux médias par l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, basé à Londres, émanation des Frères musulmans syriens. D’après l’OSDH, Manaf Tlass se serait enfui, en Turquie, d’abord, pour gagner la France.

Depuis, aucune nouvelle. La vérité est très différente. Manaf Tlass a bien quitté la Syrie. Par la route, car il se trouve, en ce moment, à Beyrouth. Il n’a pas fait défection – ce qu’il n’a jamais revendiqué – mais s’est rendu au Liban, pour des discussions informelles avec les Sunnites libanais. En effet, la famille Tlass est sunnite et non alaouite. D’ailleurs, le pouvoir syrien n’a fait aucun commentaire sur son déplacement. S’il était en fuite, Beyrouth est le dernier endroit où il se rendrait, car les Syriens y comptent d’abord une ambassade, avec de nombreux membres des Moukhabarats, qui traquent les défecteurs, pour les ramener en Syrie, où ils sont interrogés, torturés et souvent exécutés. Pour les exfiltrer, ils utilisent le camp de l’ancien terroriste palestinien, Ahmed Djibril, qui a toujours été très proche des Syriens. Son camp se trouve, dans la Bekaa, en territoire libanais, mais à cheval sur la frontière avec la Syrie, ce qui permet de discrètes exfiltrations.

En réalité, Manaf Tlass est venu discuter avec les Libanais de l’emprise croissante d’Al-Qaïda sur la Syrie. Les Libanais ont toujours réussi à tenir à l’écart Al-Qaïda. Or, en Syrie, Al-Qaïda est de plus en plus présente, se manifestant par des attentats spectaculaires et ciblés : la destruction, à Damas, du QG du Moukhabarat Al Ascariya, grâce à un camion chargé de 1.500 kilos d’explosifs. A Deir El Zor, Al-Qaïda dirige une unité, Jahbat Al-Nosra. Son chef est Abu Mohammed al-Fateh al-Joulani et il a sous ses ordres, environ, 250 hommes. A Deraa, Al-Qaïda a infiltré un bataillon islamiste, le Rijal Allah.

A Hama et Tell Marak, Al-Qaïda est présente, au sein du bataillon Ahrar Al-Cham, sous les ordres du lieutenant Abdel Majib Ayoub. Un petit groupe de 250 hommes. Toutes ces informations inquiètent profondément les Libanais, y compris, les Sunnites qui ne portent, pourtant, pas Bachar al-Assad, dans le cœur.

Le voyage, à Beyrouth, de Manaf Tlass a pour but d’établir des passerelles entre les Sunnites syriens pro-Bachar et ceux de Beyrouth, du bord opposé.

Gérard de Villiers 

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