dimanche 24 juin 2012

Obama refuse la divulgation des documents de l’Opération Fast and Furious


L’opération « Fast and furious » éclabousse Obama!
Jamais, depuis Nixon, un président n’avait outrepassé si radicalement ses pouvoirs, estime mercredi le Washington Post. Pour le Baltimore Sun, c’est le Watergate d’Obama. Le candidat à sa réélection peut-il cette fois se remettre du nouveau scandale qui éclabousse sa présidence?
Ce mercredi soir, Washington n’a pas beaucoup dormi. Ce qui n’aurait pû être qu’un épisode de plus dans la déconstruction de la statue de Barack Obama s’est transformé, au fil des heures, en une affaire d’Etat. Et tout, dans cette nouvelle glissade, ressemble à un geste de panique du président sans que l’on en comprenne les véritables raisons. Mais la presse, elle, s’interroge de plus en plus sur ce président.
Le Comité de la Chambre des Représentants sur la Surveillance et la Réforme du gouvernement a finalement inculpé le Procureur général des Etats-Unis, Eric H. Holder Jr, d’outrage au Congrès pour avoir omis de fournir des documents alors qu’il est assigné à comparaître dans l’enquête parlementaire sur l’Opération Fast and Furious.
Fast and Furious – inspiré du nom du film! – est un trafic d’armes à feu qui a été conduit sous couverture par l’administration américaine en 2009 et 2010 et qui s’est soldé par une énorme fiasco.
En pleine enquête pour en comprendre tous les rouages, la mise en cause officielle d’Eric Holder, l’un des plus puissants personnages des Etats-Unis et également des plus proches de Barack Obama, est survenue dans l’après-midi après que le président Obama a invoqué le privilège de l’exécutif et soutenu dans son refus le procureur Général pour délivrer le matériel exigé. Un privilège dont il s’était fait le grand détracteur et qui avait été initié par Nixon.
Par son accusation, le Comité de la Chambre des Représentants initie un affrontement constitutionnelle important entre deux branches du gouvernement fédéral et place le président dans une posture inédite. Le comité, dirigé par le républicain Darrell Issa  va maintenant demander à la Chambre un vote pour demander au Procureur de Washington (DC) ou à un procureur spécial de contraindre l’administration Obama à fournir les documents.
Mais pourquoi fallait-il donc en arriver là?
Escalade au sommet
« Le comité a découvert des actes répréhensibles graves par le ministère de la Justice » a déclaré Darrell Issa au sujet de l’Opération Fast and Furious, au cours de laquelle plusieurs milliers d’armes à feu ont été illégalement achetées et distribuées sur les deux côtés de la frontière sud-ouest, en particulier aux cartels mexicains de la drogue. Des actes dont il a rappelé qu’ils ont coûté des vies des deux côtés.
L’opposition puissante du président Obama s’appuyant sur le privilège de l’exécutif devrait conduire à ce qu’environ 1300 pages de documents ne soient pas rendues public sur une totalité d’environ 8000. Mais le redouté président de la Chambre, John A. Boehner (Républicain-Ohio) et le chef de la majorité Eric Cantor (Républicain-Virginie) ont tenu à enfoncer le clou immédiatement après le vote. « Alors que nous avions espéré qu’il n’en viendrait pas à cela, ont-ils dit au sujet de la position d’Obama, et à moins que le procureur général ne réévalue son choix et fournisse les documents promis, la Chambre votera la semaine prochaine pour passer outre cette opposition ».
Fast and Furious, une opération désastreuse
Dans la soirée, les développements de l’Affaire Fast and Furious ont fait le tour des rédactions du pays à la vitesse d’une onde séismique:
  • pourquoi Barack Obama a t-il réellement décidé d’invoquer le privilège de ses pouvoirs constitutionnels pour empêcher la divulgation d’un tiers de ces documents?
  • s’agit-il uniquement de sauver la tête d’Eric Holder, dont l’effondrement le fragiliserait au moment où il subit une série de défections et de révélations plus qu’embarrassante?
  • s’agit-il de l’aveu qu’il avait connaissance de l’opération Fast and Furious alors qu’officiellement il l’a toujours nié?
Non seulement cette décision est rarissime mais elle apparait très risquée car elle soulève désormais toutes les spéculation sur la gravité du scandale et sur ses ramifications. L’affaire ne pouvait pas tomber à un pire moment pour l’homme qui cherche à se faire réélire. Car son nom est désormais associé à celui du pire de tous les présidents américains, celui de Richard Nixon.
En 2009 et 2010, de part et d’autre de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique a été organisée une gigantesque opération clandestine afin de mettre en place un faux trafic d’armes et de drogue entre les deux pays. Conduite par l’ATF, cette opération avait pour but, une fois la filière stabilisée et les armes vendues aux barons des cartels de la drogue au Mexique, de les faire tomber dans le piège. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Après un incident qui avait coûté la vie à un garde-frontière américain, le Représentant Républicain Darrel Issa avait demandé l’ouverture d’une enquête. Les premiers éléments avaient conduit à la découverte que sur les 2500 armes ayant transité au Mexique, 600 seulement furent récupérées. L’enquête a établit que c’est sur l’ordre de leur hiérarchie que les agents de l’ATF n’avaient pas saisi les autres armes une fois que celles-ci avaient été achetées. Or, parmi ces armes, dont une partie étaient lourdes, certaines avaient servi à des assassinats de civils mexicains, à des tirs contre des hélicoptères de l’armée mexicaine mais également à des enlèvements suivis d’assassinats de personnalités mexicaines.
ANNONCE DE L’ACCUSATION D’OUTRAGE CONTRE ERIC HOLDER SUR CBS
Ce soir, la presse ne mâche pas ses mots. Le Baltimore Sun écrit: « Barack Obama pourrait se révéler être l’un des politiciens les plus hypocrites de mémoire récente. Il semble pris au dépourvu, irritée et brusque face de la presse. Si ses politiques et son comportement continuent sur cette voie, on pourra commencer à établir des comparaisons avec le président dont l’administration a été emportée par le scandale du Watergate. » Le Washington Post souligne quant à lui le cynisme du président: « Mais nous pouvons maintenant voir comment Obama a bouclé la boucle. En tant que sénateur, il a dénoncé les déclarations écrites et l’invocation du privilège de l’exécutif, en tant que président, il est devenu le président impérial par excellence avec le harcèlement des adversaires bailleurs de fonds et des efforts maladroits pour intimider la Cour suprême des Etats-Unis sur l’Obamacare. »
ASSOCIATE PRESS: PAS DE PRECEDENT DEPUIS NIXON
Source et vidéos: marianne2.fr

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