lundi 10 octobre 2011

La CPI arrive, rantanplan Soro sue à grosses gouttes



La Cour pénale internationale (Cpi) a été appelée de tous leurs vœux par les autorités ivoiriennes à venir enquêter en Côte d’Ivoire, croyant voir uniquement le camp Gbagbo inquiété.Mais le champ d’action défini des enquêtes fait trembler  le camp Ouattara, Guillaume Soro en tête.
La période de la crise-postélectorale et les événements douloureux de septembre 2002, consécutifs à l’attaque meurtrière de la République par les rebelles du Mpci conduits par Guillaume Soro, pourraient être pris en compte dans les enquêtes de la Cour pénale internationale en Côte d’Ivoire. Ce qui n’est pas fait pour plaire au camp des «vainqueur»’ qui voient tout ses plans chamboulés. Certainement réconfortés par leurs mentors français qui ont fait des pieds et des mains pour obtenir l’autorisation d’enquêter de la justice internationale, les autorités ivoiriennes, depuis le sommet de l’exécutif, ont entrepris une campagne de diabolisation du président Gbagbo, responsable à leur sens du massacre de 3000 personnes pendant la crise post-électorale. Ouattara, Bédié, Gnénéma, Soro… chacun y va de son «Gbagbo sera jugé par la Cpi». Mais une fois la décision d’ouvrir les enquêtes tombée, c’est le branle-bas dans le camp Ouattara.
La panique est à son comble. Les observateurs avertis du microcosme politique ivoirien, qui dénonçaient une justice des vainqueurs, voient en ces enquêtes une aubaine pour réparer cette injustice en cours dans la nouvelle Côte d’Ivoire. Les organisations de défense des droits de l’Homme, qui ont unanimement épinglé les troupes de Soro dans les massacres des populations, s’expliquent difficilement pourquoi aucune personne n’était aux arrêts du côté du camp Ouattara.
Quand Soro aussi parle de crimes de guerre
Le Premier ministre Guillaume Soro, en tant que responsable des mouvements rebelles Mpci, Mjp, Mpigo devenus, par la richesse de la langue française Forces nouvelles puis Frci, est assis sur des braises. Il sait qu’il devra rendre compte en tant que responsable, de tous les horreurs commises par ses éléments, les faits documentés par les Ong et les avocats des victimes troublent son sommeil. Il sent que la fin de l’idylle au sommet de l’Etat est proche. Il faut donc trouver rapidement une parade. Ainsi, aussi surprenant que cela puisse paraitre, c’est le premier responsable de la rébellion qui a fait des misères à l’ouest, à Guitrozon, petit Duékoué, Yopougon, Duékoué, etc. qui monte au créneau pour parler, lui aussi, de crimes commis par Gbagbo. «Je pense que c’est inévitable après les tueries dans notre pays. M. Laurent Gbagbo est quand même responsable de plus de 3 000 morts. Dans cette crise post-électorale, alors qu’il avait la possibilité de laisser le pouvoir en sortant par la grande porte, en le refusant et en utilisant l’armée contre la population, évidemment qu’il mérite d’y aller», déclare-t-il, pince-sans- rire.
Guillaume Soro peut-il raisonnablement, lui aussi, porter de telles accusations ? A-t-il vu le président Gbagbo massacrer des populations, en personne ?  Quand il parle de responsabilité, oublie-t-il que les Frci qui ont effectué la descente meurtrière sur Abidjan en avril dernier étaient sous sa responsabilité et celle d’Alassane Ouattara ? Non, il le sait. Il en a tellement conscience qu’il veut se donner une image de saint en faisant de la com, qui a du mal à passer.
«Opération distraire l’opinion»
Le Premier ministre, ministre de la Défense croit avoir trouvé la parade en montant au créneau pour déclarer que «la CPI ouvre une enquête à la demande du gouvernement ivoirien. Cela veut dire que c’est en connaissance de cause que le gouvernement ivoirien, dans un souci de clarifier la question des droits de l’homme dans notre pays, a expressément demandé à la Cour, sur la base du principe de subsidiarité, de venir enquêter sur ces crimes. Donc je ne peux pas être au gouvernement et être inquiet ! Je pense simplement que le peuple de Côte d’Ivoire a besoin de savoir la vérité. Et c’est une bonne chose pour la Côte d’Ivoire pour que l’impunité ne survive pas». A beau vouloir des choses pas sincères, on finit par se trahir. En réalité, Soro était loin de se douter que les enquêtes iraient aussi loin dans le temps. Face à cette réalité, il tente de tirer la couverture du gouvernement sur lui et passer pour un démocrate luttant contre l’impunité. Les journalistes de Rfi, cornaqués par leurs supérieurs hiérarchiques pour cette opération de charme, oublieront, le temps d’une interview, que Soro a porté à bout de bras une rébellion en Côte d’Ivoire et que les crimes de ses hommes sont ses crimes. 
Mais nos confrères parlent de «certains officiers de l’ex-rébellion des Forces nouvelles». Du pain bénit pour le premier ministre Soro qui ne cache pas tout de même son embarras, même s’il feint d’être serein : «N’anticipons rien. Laissons la Cour pénale faire son travail. Pour le moment, c’est l’ouverture de l’enquête, laissons-les faire. De toute façon le président de la République a été clair sur cette question. Et le gouvernement a la même position : il ne faut pas laisser survivre l’impunité. Si la CPI avait eu à ouvrir des enquêtes plus tôt, peut-être aurait-on pu éviter la crise post-électorale que nous avons connue en 2010. (…) Je vois bien que vous insistez sur cette question. Vous ne m’embarrasserez pas. Il ne faut pas faire le travail des juges à leur place. Laissons les faire. Si l’enquête révèle qu’un militaire a une responsabilité dans la commission de crimes de sang, évidemment que nous serons d’accord que la Cour pénale fasse son travail et qu’il soit extradé». On croirait rêver. La politique de deux poids deux mesures du gouvernement, cautionnée par ses soutiens médiatiques, transparait dans ces propos.
On aura remarqué que quand il s’agit de Gbagbo, la Cpi n’a pas besoin de faire des enquêtes ; mais pour le camp Ouattara, «il ne faut pas faire le travail des juges à leur place». En tout état de cause, ce qui reste de la crédibilité de départ de la Cpi se joue en Côte d’Ivoire. Jean-Pierre Bemba n’a pas été pris en flagrant délit pour être conduit à la Cpi, mais pour les actes posés par ses hommes. A méditer.
Benjamin Silué

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