vendredi 23 septembre 2011

L’outrage d’Obama et le silence des Arabes



On dit beaucoup de choses sur le rejet du président américain Barak Obama de l’adhésion d’un état palestinien à l’Onu. 

On dit que les Israéliens sont énormément satisfaits : qu’il n’y jamais eu un président américain aussi « sioniste »(Yediot) ; que son discours est « une médaille d’honneur » ( Netanyahou) ; que « c’est le meilleur discours qu’il n’ait jamais prononcé » (Liebermann) ; « comme s’il avait été envoyé par fax du bureau de Netanyahou... qu’il a adopté à la lettre le récit narratif d’Israël, celui d’un peuple menacé dans son existence par ses voisins, qui portent les souffrances de milliers d’années et de la Shoah » (Yediot aussi) ; qu’ « Obama a dit aux Israéliens ce qu’ils voulaient entendre» (Jerusalem Post) , qu’il est désormais « l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies » (le conseiller de Netanyahou, Ron Dermer) ; qu’ « il a dit aux Palestiniens que sa main est tendue vers Israël et non vers eux ». 

Et puis, pour couronner le tout, il y a eu du côté du lobby sioniste américain, l’intronisation du président américain faite par le journal « New York Magazine » : « Obama le premier président juif », l’illustrant dans une photo montée avec kipa... 

Et puis on dit un peu poins de choses du côté palestinien. Entre autre : que « c’est le pire discours américain sur le conflit arabo-israélien » (Zakaria AlAgha, membre du Fatah), qu’il suscite l'écœurement et la colère » (l’éditorial AlAyyam) ; que « l’Amérique est la tête de serpent (slogan des manifestants de Ramallah) ; que « 42 vetos américains à l'ONU ont permis à Israël de continuer à imposer l'apartheid dans la région » (responsable du ministère de l’information palestinien) ; qu'Obama se comporte comme " un colon israélien... 

Mais force est de constater que du côté arabe, on ne dit rien. 

Dans la presse, AsSafir a qualifié le discours dans les termes suivants « le plus hypocrite et le plus sournois... le plus conciliant pour Israël dans l’histoire opportuniste d’Obama...qu’Obama est un soldat dans l’armée israélienne ». 
Chez le journal AlHayat, l’accent a été mise tout gentiment sur « la déception arabe qui est peu dire face aux positions américaines partiales à Israël, et que les Etats-Unis doivent être conscients qu’il y a un lien entre la cause palestinienne et la dignité arabe ». Un autre article du journal pro saoudien qualifie de « blessure » la menace d’Obama de recourir au veto, et « d’humiliation », son ralliement à la position israélienne. 

Mais, au niveau officiel, c’est un silence de mort. Aucun des présidents, monarques, émirs, des ministres des affaires étrangères ou des ambassadeurs, présents dans la tribune internationale ou ailleurs n’a soufflé mot à Obama . 

Seule la Ligue arabe s’est prononcée, et aurait mieux fait de se taire. 

Se contentant de répéter des positions aussi caduques qu’impuissantes. « La position des Etats-Unis est injuste, elle encourage l’extrémisme israélien, elle soutient la victime contre le bourreau, elle fait perdre à Washington sa crédibilité, et consolide l’extrémisme dans la région », a-t-elle dit par la voix de son vice-président, Mohammad Sobhi...on constate qu’il évite de s’adresser d’affront à Obama !Et Sobhi ose le comble : « ce discours nous a surpris ! » 

Ainsi donc, après 63 ans de soutien américain inconditionnel à Israël, d’identification entre la politique extérieure américaine et la politique intérieure israélienne, de générosité financière et militaire sans limites, de massacres israéliens défendus corps et âme, de collaboration économique, scientifique, d’intelligence entre Américains et Israéliens etc... les Arabes se permettent d’être étonnés, et déçus! 

Mêmes les données récentes n'étaient pas plus encourageantes, et rien ne permettait de percevoir une position différente du numéro un américain. 

Après avoir lancé sa promesse en faveur d’un état palestinien, puis lancé les négociations, Obama n’a rien fait pour empêcher les Israéliens de poursuivre leurs colonisations en Cisjordanie et à Jérusalem AlQuds. Régions qui devraient, selon l’ONU, faire partie de l’état palestinien. Preuve depuis que sa promesse n’est que parole en l’air ! 

Une lecture différente des positions américaines exprimées très franchement ces derniers temps, entre menace de veto et sommations aux Palestiniens de retourner aux négociations, relève de l’incrédulité dans les meilleurs cas, et de la complicité dans les pires. 

Plus que jamais, l’outrage d’Obama gifle les alliés arabes des Américains, pour avoir tout bonnement misé sur ses promesses. Alors que ceux n’ont jamais cru l’administration américaine, voient une fois de plus leurs suspicions confirmées. 

« Miser sur les Américains nous mène au fiasco », le Hamas l’a si bien rappelé. Depuis 63 ans, le camp de la résistance ne cesse de le répéter... les expériences ne cessent de le confirmer... et les régimes arabes ne cessent de s'étonner!! 



L.Mazboudi

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