dimanche 28 août 2011

Un profond sentiment d’injustice parmi les Africains de New York



Dans la communauté africaine de New York, le sentiment d’injustice prévaut, mêlé à un certain fatalisme. Mamadou Niang, l’un des responsables sénégalais de l’United African Congress (UAC), une grande association panafricaine qui soutient Nafissatou Diallo, estime que des considérations politiques l’ont emporté: «Le procureur a pensé qu’il serait plus judicieux de laisser tomber un procès qu’il ne va pas gagner.» Cyrus Vance, qui joue sa carrière sur cette affaire, vise une réélection à son poste dans un an. Selon Mamadou Niang, le côté communautariste pris par la défense de Nafissatou Diallo, avec les protestations du sénateur afro-américain de New York Bill Perkins, risque fort de retomber au fil des mois. Hier déjà, le site d’information noir américaintheroot.com ne consacrait qu’un petit sujet à l’affaire.
Dans la communauté guinéenne, on s’attendait à l’abandon du procès pénal. «Ce n’est pas une surprise, témoigne Thierno Diallo, un cousin de la victime. Il y a tout le lobby juif derrière! On ne prend pas Nafissatou au sérieux parce qu’elle est Noire et qu’elle a menti sur son passé…» Certains se demandent si la carte de la médiatisation jouée par Kenneth Thompson a été si payante. «Les passages de Nafissatou Diallo à la télévision, où elle essayait de jouer, ont pu paraître très difficiles, note un journaliste ouest-africain en poste à New York. Elle n’était pas préparée pour faire face à une telle pression. Son apparition n’a fait que reporter la décision du procureur, pour qu’il regarde ou prétende regarder le dossier plus à fond.» Les Africains de New York continuent de se poser beaucoup de questions, à commencer par celle-ci, discutée à l’infini dans les restaurants de Harlem: comment peut-on forcer une femme à faire une fellation?»
Quant aux avocats de Nafissatou Diallo, ils ne se démontent pas. Douglas Wigdor, l’associé de Kenneth Thompson à New York, a affirmé hier à Paris qu’il poursuivrait de manière «agressive» la bataille judiciaire au civil, pour obtenir réparation financière. «Dans les mois ou les années à venir, nous allons dévoiler de nouveaux éléments de preuve», a-t-il poursuivi, mentionnant d’éventuels témoignages de «nombreuses femmes» victimes d’agressions sexuelles de DSK. «Nafissatou Diallo a été traitée comme une accusée et non comme une victime», a-t-il martelé, rappelant que l’ancien directeur du Fonds monétaire international n’a «jamais été interrogé par la police» après son arrestation.
Sabine Cessou

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