jeudi 26 mai 2011

La chasse se poursuit dans les camps




Le maire de Delmas, Wilson Jeudy, poursuit son opération de déguerpissement des personnes déplacées vivant sur les différentes places publiques de sa commune depuis le séisme. Au moins trois sites d'hébergement à Delmas 3, 5 et 16 ont été vidés de leurs occupants ce mercredi 25 mai. Par ailleurs, le maire critique l'attitude des responsables de certaines organisations de défense des droits humains qui, dit-il, se contentent de faire du verbiage sans jamais entreprendre des démarches pour aider les personnes dans les camps.


Haïti: 
Des agents municipaux de Delmas, sous la supervision du maire Wilson Jeudy et d'unités spécialisées de la police nationale, ont détruit ce mercredi les tentes des personnes qui ont élu domicile sur la place publique de Delmas 3 et de celles qui étaient logées devant l'église St-Yves à Delmas 5. Il n'y avait pas de pitié non plus pour celles qui occupaient la chaussée à Delmas 16. Opération déclenchée lundi avec la destruction des tentes sur les places publiques du "Carrefour de l'Aéroport".

La plupart des sans-abri sur la place de Delmas 3 ont eu le temps de retirer de leurs tentes, leurs effets après avoir été avertis la veille de l'opération. Ces personnes déplacées dénoncent toutefois la manière arbitraire par laquelle procède le maire pour les déloger. « On ne peut pas nous déloger de force sans nous dédommager. C'est inacceptable. La mairie a le devoir de nous accompagner, elle ne doit pas nous humilier de la sorte », a tempêté un homme, rouge de colère.

Pas de mesures d'accompagnement. Seules les femmes ayant des bébés reçoivent en coulisse « quelque chose » du maire. « La mairie n'a pas de moyens pour cela. Et si l'on donne de l'argent à toutes ces personnes, elles vont s'établir dans d'autres camps pour en attendre à nouveau », indique Wilson Jeudy.

« C'est vrai qu'il faut libérer les espaces publics, mais je ne crois pas que ce soit la meilleure façon de le faire. On n'a pas voté pour avoir de tels traitements. Certainement pas », a lancé une dame dans la cinquantaine qui ramassait ses bâches déchirées par les agents municipaux au cours de l'opération.

« Nou te vote tèt kale, yo mete nou deyò tèt kale » ( On a voté tèt kale, on a nous expulsé tèt kale », rétorque ironiquement une de ses voisines qui s'apprêtait à déménager avec ses effets empilés dans un camion.

En fait, ces sans-abri rendent le président de la République, Michel Martelly, responsable de leur sort, lequel aurait commandité ces opérations. Ce que le maire Jeudy a rejeté, rappelant que les mairies sont autonomes. « Martelly n'a rien à voir dans ces opérations. Les mairies sont autonomes, le président n'intervient pas dans nos actions », a précisé le maire, soulignant que ces opérations permettront de sécuriser la vie des citoyens de la commune et de libérer les terrains de jeux trop longtemps occupés par des personnes déplacées.

Face aux critiques des responsables d'organisations de droits humains faisant état de « violation des droits des personnes chassées de leurs tentes par la mairie de Delmas », le maire s'en fiche. « Ces personnes souffraient dans les camps depuis longtemps, ces organisations de droits humains n'ont jamais rien dit. Beaucoup de ces organisations se contentent de faire du verbiage sans jamais entreprendre des démarches visant à améliorer les conditions de vie des personnes en difficulté », a fulminé le maire.

« Les jeunes de la commune ne peuvent plus jouer à cause des terrains de jeux qui sont occupés. Est-ce que les responsables de ces organisations de défense des droits humains prennent en compte le droit de ces jeunes ? J'invite les responsables de ces organisations à se ressaisir », a déclaré Wilson Jeudy, ancien candidat malheureux à la présidence lors des récentes élections. Il faut remettre la vie sur les places publiques, soutient le maire, soulignant qu'il travaille pour « le bien-être des citoyens de la commune ».


Valéry DAUDIER

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