samedi 28 mai 2011

Chiffres du chômage : la grosse manipulation de Xavier Bertrand


Le ministre du travail Xavier Bertrand a orchestré cette semaine une véritable opération d'enfumage sur les chiffres du chômage. Afin d'empêcher toute réplique argumentée et tout débat rationnel, il a communiqué 24 heures avant la parution des chiffres officiels, ce qui lui a permis d'en faire une lecture univoque sans pouvoir être contredit. Car la réalité du chômage et de la précarité sont très éloignées de "la tendance à la baisse" et des "meilleurs chiffres depuis 2008" qu'a présenté Xavier Bertrand.

Des chiffres tronqués et artificiellement dégonflés


Xavier Bertrand n'a communiqué que sur une petite partie des statistiques du chômage : le nombre de chômeurs de catégorie A (chômeurs à la recherche d’un CDI à temps plein et sans aucune activité). Sur cette catégorie, le chômage a effectivement baissé : – 0, 4 % au mois d’avril. Mais dés que l'on regarde sur un an il est toujours en hausse (+0,2 %).
Surtout, toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d'emplois atteint 4,91 millions de personnes. Et il est en progression de 3% depuis un an.
Les chiffres du chômage de la catégorie A sont artificiellement dégonflés par le gouvernement via :
- l'explosion des radiations administratives qui ont cru de 19% depuis un an (48.000 en avril 2011, 40.000 en avril 2010)
- l'envolée des contrats aidés précaires qui sont passés de 6 000 en janvier à 133 000 en avril (pour 440 000 budgétés en 2011 … soit l'équivalent d'un dégonflement de 0,3 point du chômage)
Le chômage s'enracine
La baisse annoncée du chômage ne reflète donc aucune amélioration réelle de la situation de l'emploi. D'ailleurs, le nombre de sorties du chômage pour cause de reprise d'emploi était inférieur en avril à ce qu'il était il y a un an (105.000 contre 109.000).
Le chômage de longue durée continue d'augmenter : + 0,1 % en avril, soit 1 million et demi de chômeurs depuis plus de 2 ans. La hausse est de 33 % depuis un an, ce qui montre que la crise est loin d'être passée contrairement à ce que prétend Xavier Bertrand.
Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans continue lui aussi d'augmenter : de + 0,7 % en avril et de + 13 % sur un an. C'est une conséquence directe de la réforme des retraites qui en repoussant l'âge de départ à la retraite fait basculer des milliers de salariés de 60 ans et plus dans le chômage. Un risque contre lequel le Parti de Gauche avait mis en garde dans sa critique de la réforme des retraites (lien : http://www.lepartidegauche.fr/images/stories/docs-pg/brochure-retraite-pg.pdf )
Les  syndicats dénoncent la progression de la précarité
CGT : « Le gouvernement veut nous faire croire à la baisse du chômage alors que les chiffres publiés depuis plusieurs mois montrent que les chômeurs passent d’une recherche d’emploi à un emploi précaire ».
FO : « Sous emploi, précarisation, flexibilité, tel est le modèle dominant qui est en train de resurgir après la crise »
CFDT : « Le retour à l’emploi se fait par la précarité. La hausse du nombre de demandeurs d’emploi seniors et du chômage de longue durée sont des phénomènes inquiétants ».
Comment la politique de Sarkozy freine la baisse du chômage
L’exonération des heures supplémentaires (dispositif TEPA) tue la reprise de l’emploi.
Avec 175 millions au premier trimestre 2011 le nombre d’heures supplémentaires exonérées est en hausse de 4,6 % en un an, avec un pic de +8,1 % dans l’industrie (+ 18 % dans la métallurgie et + 11 % dans l’automobile).
  • Sur le 1er semestre 2011, 218 000 emplois n’auront pas été créés à cause de ces exonérations
  • En 2008, 727 millions d’’heures supplémentaires -> 466 000 emplois à temps plein non créés
  • En 2009, 676 millions d’heures supplémentaires -> 434 000 emplois à temps plein non créés
La Cour des comptes estime que ce dispositif coûte 4 milliards d'euros par an, une somme qui permettrait de créer 100 000 emplois supplémentaires par an.
Pour faire reculer le chômage, ces exonérations doivent donc être abrogées et la réduction du temps de travail doit être relancée.
Voir les propositions du Parti de Gauche sur la réduction du temps de travail.
Jean Luc Mélenchon

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