vendredi 3 décembre 2010

Le Nouvelliste en Haiti - Eternel recommencement ?

"Les pieds dans le plat

Éternel recommencement ?

Haïti: S'il y a quelque chose qui ne fait pas plaisir à nos traditionnels corrupteurs, à nos politiciens pour qui la politique se résume à des conciliabules d'antichambre et à la grossière manipulation de la foule voulue depuis l'indépendance brute et ignorante, c'est que les millions de dollars dépensés par la plate-forme appuyée par le pouvoir en place ont servi très peu, sinon pas du tout le but visé. Les gens se sont servis gracieusement, comprenant que cet argent était celui de l'État, détourné, puis ils ont voté, outrés que ce même pouvoir appuyé par la communauté internationale les ait quelque part tenu dans le mépris habituel en dépit des catastrophes qui se sont succédé depuis le 12 janvier 2010.

Ce qu'on devra retenir aussi du 28 novembre 2010, c'est que la population a voulu exercer pacifiquement son droit de vote. La violence, le chaos sont venus encore une fois des politiques, certains sans doute du soutien des secteurs maffieux traditionnels et de la communauté internationale. Comme quoi on ne réglera jamais les problèmes de ce pays tout autant qu'il ne retrouve pas sa pleine souveraineté et qu'on ne mette pas à la raison les affairistes nationaux et étrangers qui tirent leur beurre du chaos et de la misère.

Les élections, telles qu'elles ont été organisées ce 28 novembre, ont prouvé avec quel sans-gêne les forces du statu quo alliés à des secteurs de la communauté internationale, en particulier les Nations unies, pouvaient utiliser la médiocrité, la violence, la corruption pour empêcher toute expression ordonnée de la volonté populaire. La MINUSTAH était certainement au courant des violences, des préparations de fraudes, des intimidations, du détournement de fonds et de matériels publics pour le financement de la campagne électorale et d'autres choses aussi peu recommandables. Elle a fermé les yeux, profitant aussi du laxisme des autres candidats espérant contre toute logique un soutien du super intelligent à la tête de l'État, flirtant comme toujours avec le pouvoir au mépris des Haïtiens. Cela a accouché de ces élections que des observateurs plus que crédibles ont qualifié de farce et que le CEP, vu sa dépendance économique et son inféodation au pouvoir, n'avait d'autre choix que de cautionner. Sauf que le plan prévu, face à la volonté populaire exprimée, va devoir être corrigé ou mis au placard. On attend la suite.

Mais le drame dans toute cette histoire, c'est cette classe politique nulle, incapable de se mettre au diapason de la réalité, incapable de résister aux pratiques de marchandage et de corruption dans lesquelles excellent les pouvoirs en place et la communauté internationale. L'autre problème tout aussi profond, c'est aussi chez nous cette étrange conception de l'intelligence. On se croit toujours en mesure de rouler l'autre pour que soi-même et son groupe de courtisans puissent continuer à puiser à pleines mains dans la mangeoire même si l'histoire a toujours montré la fin de l'histoire. Toujours défilent les mêmes pitres acclamés et soutenus par l'étranger et qui ne se rendent pas compte qu'ils peuvent être éjectables à n'importe quel moment.
Jusqu'à quand ?




Gary Victor

– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"

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