samedi 26 juin 2010

Haïti - Prisons : Passer de l'inhumain à l'humain



« Avant le séisme, la situation humanitaire dans les lieux de détention était déjà extrêmement difficile avant le séisme, à cause d'une surpopulation qui pouvait dépasser jusqu'à six fois la capacité officielle de certains établissements. En outre, le contact des détenus avec leur famille n'était pas systématique, or le rôle des familles est essentiel, non seulement parce qu'elles apportent souvent un soutien matériel aux détenus, (nourriture et des produits d'hygiène), mais également parce qu'elles représentent un soutien moral important. L'accès difficile aux soins médicaux ainsi qu'une détention préventive de longue durée pour un grand nombre de détenus [NdHL - dont la plupart sans jugement ou chef d’accusation] contribuaient à aggraver la situation » explique Sandra Dessimoz, chef adjointe de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

La prison civile de Port-au-Prince est la plus importante en Haïti. La veille du séisme, elle hébergeait près de la moitié de la population carcérale du pays, soit plus de 4 000 détenus. Tous se sont évadés à la faveur de la catastrophe et l'établissement a subi des dégâts matériels importants. Une partie seulement de la prison a pu être réhabilitée pour accueillir les détenus de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. En mai, la population de cet établissement pénitentiaire s'élevait déjà à plus de 1 000 détenus.

« Les autorités font face à des défis permanents, elles sont conscientes des difficultés et de l'inadéquation des infrastructures et des services de base à la disposition des détenus. Avec le soutien international, elles tentent de trouver des solutions concrètes et travaillent pour développer les compétences du personnel » précise Sandra Dessimoz.

« Il est urgent que les autorités terminent la réhabilitation de nouveaux espaces pour permettre aux détenus de sortir à l'air libre et contribuer ainsi à diminuer les tensions entre eux. Actuellement, les détenus vivent dans des conditions indignes, la majorité d'entre eux étant contraints de dormir assis, voire debout dans des espaces extrêmement réduits, ce qui à terme entraîne des effets graves sur leur santé. La surpopulation et la gestion de la sécurité à l'intérieur des établissements limitent de manière drastique les possibilités qu'ont les détenus d'avoir accès à l'air libre et de compenser ainsi les effets des conditions de vie difficiles dans les cellules » poursuit-elle.

Sandra Dessimoz précise que « Les délégués du CICR se sont vus assurés en tout temps un accès direct à toutes les personnes privées de liberté dans leur cellule [...] Pendant leurs visites, les délégués ont la possibilité de discuter face à face et de manière confidentielle avec les détenus. Ceci leur donne une connaissance plus approfondie des problèmes [...] L'aide que fournit le CICR dépend des besoins observés. Par exemple, après le séisme, nous avons apporté une assistance d'urgence de 40 tonnes de nourriture, des médicaments et des produits d'hygiène pour les détenus. Nous avons aussi réhabilité le seul quartier de détention fonctionnel de la prison de Port-au-Prince, afin d'y garantir l'accès à l'eau et des conditions d'hygiène minimales. Nous soutenons également la gestion administrative des services de santé. Le CICR espère ainsi contribuer à rendre dignes les conditions, aujourd'hui très difficiles, des personnes détenues en Haïti »

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