mardi 18 mai 2010

LES PIEDS DANS LE PLAT ! LES IMPOSTEURS !


Les pieds dans le plat
Les imposteurs !

La gouvernance haïtienne est ce qu’elle est… Elle ne pouvait être autrement. Des gens ont combattu des dictatures uniquement parce que ces dictatures voilaient leurs horizons de prévisibles prébendes si bien qu’une fois les avoir renversées, le même jeu continuait. Tentative de garder le pouvoir par tous les moyens et surtout, toujours, en magnifiant la médiocrité, en s’acoquinant avec les voyous. Le pire, c’est qu’année après année, on s’enfonce dans le pire. Le pire, aussi, c’est quand on veut mettre tout sur le dos d’un gouvernement, d’une mouvance, alors que les mouvances en Haïti ne sont que des chevaux de Troie qui permettent aux uns et aux autres de rentrer dans la place forte, c'est-à-dire de s’assurer une place autour de la table, devant les mamelles de la vache.

Le pire encore, dans toute cette histoire, c’est que nous sommes à un carrefour où, après les destructions et les morts du 12 janvier 2010, on aurait du avoir un sursaut d’intelligence et de générosité de la classe politique haïtienne associée à ses traditionnels commanditaires, ceux qui mettent l’argent sur la table pour organiser les bains de piscine et les macaqueries dans les rues pour soutenir un candidat. Rien de cela! L’opposition, je me fais violence pour employer le terme opposition, veut renaître de ses cendres pour demander le départ du président en exercice et une gestion plus transparente et plus haïtienne des choses de la nation. S’il est vrai que le pouvoir en place a démontré toute son insignifiance durant ces derniers mois, il faut aussi admettre que cette opposition est aussi à loger à la même enseigne.

Si opposition veut dire normalement capacité de proposition, capacité de critique, capacité de contrôle, et cela, dans le seul but de l’intérêt de la collectivité, nous sommes forcés d’admettre que l’opposition haïtienne dans la majorité de sa composante a toujours été complice de la perpétuation de ces pouvoirs uniquement préoccupés de jouissances maffieuses. Jamais cette opposition s’est signalée par des prises de position cohérentes et suivies sur des problèmes d’intérêt national comme l’éducation, la santé, l’environnement, l’emploi, la culture et j’en passe. Salivant dès que le pouvoir en place lui présente un os à ronger sous la forme d’un portefeuille ministériel ou d’une mairie lucrative, cette opposition n’a jamais pensé même à utiliser cet espace pour prouver qu’elle pouvait initier d’autres pratiques. On a vu ces ministres, ces maires aussi nuls, aussi méprisants, que leurs commanditaires, verser dans la prébende, le clientélisme et dans toute une gamme d’attitudes laissant facilement deviner qu’au Palais national, on n’aurait pas eue mieux et certainement pire. L’autre drame, c’est que ces pontes de l’opposition au sein de leur prétendu parti dont ils en sont les propriétaires à vie font la preuve constamment, avec un sans gêne effrayant, de leur égoïsme, de leur suffisance, de leur amour du pouvoir sans partage, de leurs attitudes claniques et j’en passe
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Leur seul génie… Surfer sur l’indignation d’une population constamment arnaquée pour se lancer dans des opérations de déchoucage dont le but secret est toujours d’emmener un autre groupe devant le coffre-fort… On a l’impression que nous sommes au Far West. Une bande de hors la loi tient la ville. D’autres bandes flairant le magot s’agitent. Et le petit peuple fatigué de ces oppresseurs est prêt à les botter le cul, pour festoyer l’espace d’un instant, en sachant bien que les nouveaux maîtres finalement ne feront que continuer la mascarade.

Le peuple haïtien paie aujourd’hui les conséquences de décennies d’imposture. Elle paie aussi son impossibilité à démasquer les imposteurs. Sera-t-il possible pour nous de sortir de cette impasse, de reconstruire un autre lieu ? Sera-t-il possible pour nous de prendre un nouveau départ sans nous débarrasser de tous ces imposteurs, sans une remise en question véritable qui nous permette de donner enfin à l’excellence, à l’honnêteté, à la modernité, la place qui leur revient dans notre pays ?

Gary Victor

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