mercredi 14 avril 2010

Reconnaissance envers les secouristes panaméens, dominicains, français, israéliens et haitiens

Lettre ouverte aux secouristes ayant travaillé sur le site de la UNIBANK de Bourdon, les 18-19 janvier 2010

Par Rachelle Charlier Doucet

Document soumis à AlterPresse le 13 avril 2010

Commandant Hiriberto Chavez et membres des Unités de Secours de la Protection Civile du Panama, Commandant Paulino et membres des Unités de Secours de la Protection Civile et de la Défense Civile de la République dominicaine,

Equipe de secouristes de la France et d’Israël

Secouristes improvisés et anonymes d’Haïti.

Il y a des douleurs si fortes que l’on voudrait les oublier. Il y a des traumatismes si grands qu’ils imposent le silence. Ceux d’entre nous ayant vécu la tragédie du séisme qui a détruit plusieurs régions d’Haïti le 12 janvier 2010, nous le savons d’expérience.

Aujourd’hui, trois mois après l’indicible catastrophe, je fais l’effort de raviver des souvenirs douloureux. Car il me faut remplir un devoir. Celui de dire merci, au nom de ma famille, au nom de toutes les familles haïtiennes qui ont eu la chance de bénéficier de l’aide de secouristes les premiers jours suivant la catastrophe. Merci d’abord à mes concitoyens, secouristes improvisés, intrépides et souvent anonymes. Merci aussi à vous, commandant Chavez, et merci à chacun des membres des unités de secours du Panama, de la République Dominicaine, de la France et d’Israël qui nous avez si généreusement assistés les 18 et 19 janvier passés sur le site de la Unibank de Bourdon.

Commandant Chavez, par-delà cette assistance -ô combien professionnelle !- ce qui mérite notre reconnaissance particulière, c’est votre dévouement, votre abnégation, votre ténacité et la grande qualité humaine dont vous avez fait montre tout au long des opérations de secours. Nous ne pouvons pas oublier la détermination avec laquelle vous autres, Panaméens, Dominicains et Français, vous êtes restés sur le site près de 17 heures d’affilée, parce qu’il y avait des signes de vie humaine, les machines l’indiquaient, les chiens l’avaient confirmé. Vous ne pouviez pas abandonner, il est toujours trop tôt pour abandonner, disiez-vous. Et nous tous, vous les secouristes, et nous, les familles angoissées, nous nous accrochions à l’espoir de voir enfin nos êtres chers sortir vivants des décombres. Car tant qu’il y avait de la vie, tous les espoirs étaient permis. Un miracle est toujours possible, n’est-ce pas ? Les heures passaient, les signes de vie diminuaient graduellement, jusqu’à s’évanouir complètement. Personne n’a pu sortir vivant. Le béton et le fer avaient gagné. Les ruines s’étaient converties en tombeau.

Commandant Chavez, personne n’est sorti vivant, mais cela ne dépendait pas de vous. Vous avez fait tout ce qui était humainement possible. Grâce à tous vos efforts conjugués, cette nuit-là les familles ont pu quitter le site avec au moins une réponse, même négative. Il fallait désormais accepter la pénible réalité, après une semaine de torture et d’incertitude, et se préparer à enterrer nos morts dans la dignité. Savez-vous, Commandant, nos familles ont été très touchées de voir combien vous partagiez leur déception et leur douleur, avec une compassion toute fraternelle.

Commandant, vous pouvez être sûr que nous ne vous oublierons jamais, ni vous, ni vos équipes, ni vos chiens courageux et intelligents. Et ce sera toujours avec une immense gratitude que nous évoquerons la vaillante unité de Protection Civile du Panama et ses collègues de la République Dominicaine et de la France, restés avec nous jusqu’au bout de l’impossible.

Port-au-Prince, le 10 avril 2010

Rachelle Charlier Doucet
Citoyenne haïtienne reconnaissante.

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